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La recette d’un film pédagogique

Comment faire un bon film pédagogique ? Par quel bout prendre une telle réalisation ? Comment doser l’enseignement ? Et comment le transmettre en image ? Nous vous livrons notre recette.

Déjà, qu’entend-t-on par pédagogie ?

Autant être clair dès le début. Par pédagogie nous n’entendons pas forcément un enseignement donné aux enfants. Car nous nous adressons aussi à des adultes. Le film pédagogique réunit tout film qui vulgarise, transmet un savoir, met en image des notions, quel que soit le domaine traité et le public visé.

Cette parenthèse fermée, démarrons la recette.

Épluchez le contexte et le public

D’abord, il y a le contexte : pourquoi fait-on ce film ? Et pour qui ?

Mais aussi : Quels messages souhaite-t-on faire passer ? Cherche-t-on à convaincre ou à apprendre ? Quelles seront les conditions de diffusion ?

Bref, on dresse la fiche d’identité du film. Toutes ces questions conditionnent la suite de la production, et permettent d’opérer des choix logiques.

Si le film est destiné à un salon professionnel, environnement bruyant et agité, on évitera le contenu trop long et trop bavard. Si le film est projeté dans un colloque, on le pensera comme un support visuel sans voix-off pour laisser la parole au conférencier.

Quant au public, il faut définir ses acquis. La seule manière de jalonner le sujet. Que connaît-il ? Que veut-on lui dire ? Par où commencer et jusqu’où aller ? C’est important, car si on lui raconte des choses qu’il sait déjà, on est certain de l’ennuyer. À l’inverse, si on va trop loin, on le perd.

Enfin, il y a le message à transmettre. Il n’est jamais “pédagogique”. La pédagogie est un moyen, non une fin. C’est un levier pour clarifier un sujet compliqué. Mais il y a toujours une intention derrière elle, qui va conditionner la phase d’écriture.

Cas de réalisation : notre film pour l’ONF

Le sujet : la gestion environnementale de la forêt de la Courbe.
L’objectif : sensibiliser le public sur les actions de coupe souvent mal comprises.

Plus de détails sur la page du film

plan d'une route

Puisqu’on s’adresse au grand public, et non pas aux professionnels, on adopte un point de vue précis. Celui du promeneur ou du conducteur qui observe les coupes sur son chemin. Avant même d’avoir écrit le film, on sait déjà quel angle on doit épouser, et de quelle manière le message oriente la mise en scène.

Dégrossissez le sujet

Ceci fait, on peut commencer à trier les données.

La bonne pratique c’est de se raconter le sujet à soi-même ou à quelqu’un d’autre. Formuler un énoncé, même imparfait, force l’esprit à la concision. On établit des raccourcis, on sélectionne les informations importantes, et on les range dans un ordre logique.

De cette manière, on remarque très vite ce qui est superflu. Le plus grand danger en film pédagogique c’est le trop-plein d’information. Tout ce qui n’est pas nécessaire est nuisible. Il ne faut donc pas hésiter à sortir le scalpel.

Toutes les notions sauvegardées demandent ensuite à être hiérarchisées.

Il faut voir le film comme un squelette dont chaque os serait un élément informatif. Certains os sont plus importants que d’autres pour maintenir la structure. Et bien, c’est pareil avec les idées. Certaines sont des notion fondamentales, qui doivent apparaître comme les pivots de votre explication.

Transformez l’énoncé en scénario

À ce stade, nous avons une parfaite structure. Nous savons quoi dire, et dans quel ordre. Mais pas encore comment le dire. C’est là que le travail créatif commence. Car il ne s’agit plus seulement de compiler des informations pour produire un énoncé, mais de rédiger un discours ou une histoire. Et donc de choisir les bons mots, ceux qui permettront de créer un contenu singulier, qui n’oublie pas toutefois d’être pédagogique. Heureusement, le pédagogue a plusieurs cordes à son arc, comme l’exemple ou l’analogie. Des armes indispensables en pédago, pour offrir au spectateur un contexte auquel il puisse se raccrocher. Ou bien mettre en place des similitudes logiques pour déverrouiller un concept abscons.

On peut jouer sur d’autres curseurs encore :

 

  • Le storytelling : passer son sujet à travers le prisme du récit – finalement une autre manière d’introduire l’analogie ou l’exemple. Voir notre production pour la DGAC.
  • Le niveau de langage : dépouiller un sujet de son champ lexical trop compliqué, et emprunter des termes simples, voire familiers.
  • La position du narrateur : celui qui parle peut jouer un rôle dans le sujet qu’il explique.
  • Le rythme : on peut proposer un film ultra-dynamique au débit de parole important. Certains contenus en font leur credo.

Bien sûr, ce rythme doit rester intelligible. Effréné ou non, il ne doit pas se faire au détriment de la compréhension. Parler vite, oui, à condition de laisser respirer son discours, avec des temps neutres ou des pointes d’humour. Surtout, ne pas perdre le spectateur. Une dynamique efficace est une dynamique qui maintient l’attention, pas l’inverse.

Cas de réalisation : notre réalisation pour la CNR

Le sujet : l’aménagement des annexes fluviales du Rhône.
L’objectif : expliquer l’intérêt des travaux liés au fleuve.

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Ici nous faisons le choix d’un discours prononcé par le fleuve, comme un plaidoyer adressé à tous. Le “je” permet d’aborder les problèmes environnementaux comme une souffrance personnelle vécue par le fleuve, et donc de sensibiliser le public, de parler à son coeur. Il y a donc l’argumentaire, et la manière de l’écrire.

Liez le texte à l’image

Enfin ! De l’image ! Du travail de réalisation. Là encore quelque astuces sont bonnes à prendre.

Déjà, il n’est pas interdit de se projeter dans la mise en scène au plus tôt. Si nous plaçons cette étape en fin de recette. En réalité, nous n’attendons pas si longtemps pour imaginer des approches visuelles et proposer des mises en scènes. Car qui est capable d’imaginer un film sans s’en faire une image ?

Ensuite, il faut comprendre une chose, c’est que le discours conditionne le reste. Cela signifie plusieurs choses. D’abord qu’il faut avoir des images à mettre en face de ce que l’on dit. Chaque notion avancée a son pendant à l’écran. On doit alors veiller à un équilibre entre les deux. Le texte peut être allégé, si l’image suffit.

Enfin, pour revenir sur la question du rythme, il faut savoir qu’un débit rapide invite à un montage rapide. Et donc à multiplier les séquences. C’est plus d’animation, plus de transition, plus d’effets.

L’avantage de l’animation 3D c’est que plusieurs approches peuvent être envisagées au sein d’un même film. On peut sauter d’une vue réaliste, à une vue motion design, et à l’intérieur de ces visuels déployer des astuces très variées. Tout cela est inscrit dans un storyboard calibré sur le rythme du discours voix-off.

Quant à comment montrer, bien évidemment, il n’y a pas de recette unique. C’est du cas par cas. Une chose est sûre : la meilleure image est la plus simple, celle à laquelle on pense en premier. Il n’y a vraiment aucune raison de complexifier. Le mieux est l’ennemi du bien.

Ne pas hésiter non plus à varier les approches graphiques pour que chaque notion ait droit à sa séquence. La mémorisation n’en est que meilleure.

Cas de réalisation : le projet Colibri

Le sujet : le télescope Colibri.
L’objectif : expliquer le principe et le rôle du télescope.

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Dans ce film pédagogique, plusieurs notions doivent être représentées qui appellent chacune des approches dissemblables. Une vue réaliste du télescope pour l’observer en train d’accomplir son travail. Un effacement des structures pour basculer à l’intérieur. Une vue schématique 3D des boîtiers pour suivre le trajet de la lumière. Et des plans motion design pour intégrer des graphiques. Chaque partie de l’argumentaire exige un visuel adapté.